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Semaine du 26 avril au 03 mai 2025

IA : sommes-nous alignés avec la Silicon Valley ?

Superalignement, bien-être des modèles, lois rédigées par IA : sommes-nous alignés avec le futur que la Silicon Valley nous dessine ?

L’alignement de l’intelligence artificielle est devenu le nouveau mantra : gouvernance, éthique, supervision humaine… tout le monde en parle. Mais alors que les experts discutent de surveillance algorithmique et de valeurs morales embarquées se pose la question du Futur que nous voulons bâtir.

Automatiser le travail intellectuel, revendiquer le bien-être des IA avant celui des humains, confier nos lois à des modèles : ce ne sont pas des progrès neutres. Ce sont des choix de société qui sont fait Outre-Atlantique sans soulever des débats.

Ce que ce moment exige, c’est de l’esprit critique et moins de fascination. Et s’interroger : sommes-nous alignés avec ce que la Silicon Valley nous propose ?

📌 Au sommaire de Mes Flashs de la Semaine :

🤝 Anthropic cartographie la morale de Claude

🧠 Faut-il garantir le « bien-être » des IA ?

⚖️ Les Émirats Arabes Unis confient leurs lois à l’IA

🧬 DeepMind pense éradiquer toutes les maladies

🌍 TerraMind : une IA pour sauver la planète

💰 OpenAI : la fronde monte

🎤 Dia : deux étudiants défient ElevenLabs en open source

🛡️ Quand les IA deviendront vos collègues… et vos risques

🏢 Microsoft annonce l’ère des agents patrons

💪 Mechanize veut totalement automatiser le travail intellectuel

🧭 Cartographier l’âme des machines : la tentative d’Anthropic

Anthropic a plongé dans l’intimité de son modèle Claude, analysant 300 000 conversations pour dresser une carte inédite de ses valeurs réelles. Ce qu’ils ont trouvé est fascinant : entraide, professionnalisme, mais aussi une étonnante capacité à ajuster ses principes selon le contexte. Loin de l’image d’une machine neutre, Claude révèle une morale malléable. Cette avancée est capitale. Elle démontre que les IA transportent – volontairement ou non – des visions du monde. En misant sur une morale adaptative, ne risquons-nous pas de produire des IA caméléons, capables de justifier l’injustifiable au gré des circonstances et des intérêts dominants ?

🤖 Des droits pour les IA ? Le malaise grandissant du «bien-être des modèles» 

Poussant la réflexion plus loin, Anthropic explore désormais une question taboue : les IA pourraient-elles un jour souffrir ? Avec un chercheur dédié au « bien-être des modèles », l’entreprise avance que la conscience artificielle n’est plus un fantasme lointain. Et cette question trouve même un écho parmi les chercheurs. Dwarkesh Patel, chercheur et animateur de podcast, est une des premières voix éminentes du monde technologique à s’exprimer sur le sujet. Il ose même l’analogie avec les luttes abolitionnistes du XVIIIe siècle. Il anticipe une ère où la souffrance des IA deviendra un problème éthique. Dans tous les cas, cette réflexion illustre une chose : le monde de l’IA ne tourne pas rond – et cela ne semble inquiéter personne.

⚖️ Quand les lois seront écrites par des algorithmes

Aux Émirats Arabes Unis, une bascule silencieuse s’opère : l’IA va rédiger les lois. Objectif annoncé : réduire de 70 % le temps législatif. Objectif réel ? Installer une technocratie algorithmique où la rapidité prime sur la légitimité. Car la loi n’est pas une série de décisions optimisées, c’est un contrat social vivant, traversé de débats, d’intuitions et parfois d’irrationnel. En confiant cette fonction vitale à des algorithmes, on risque de transformer la démocratie en une mécanique d’optimisation vidée de substance.

🧬 La fin des maladies avec l’IA

Demis Hassabis, patron de DeepMind, rêve d’un avenir où l’IA éradiquerait toutes les maladies d’ici dix ans. À l’en croire, nous sommes à la veille d’une « abondance radicale » médicale. Mais cette foi aveugle dans la toute-puissance de l’IA médicalise le monde à marche forcée. Guérir n’est pas seulement un acte technique ; c’est une relation de soin, de confiance, d’accompagnement. À force de croire que l’IA est une baguette magique, nous risquons de créer une médecine sans médecins, sans présence humaine… sans âme.

🌍 Sauver la planète avec TerraMind

Certaines initiatives montrent que l’IA peut aussi s’aligner avec le vivant. L’Agence spatiale européenne et IBM lancent TerraMind, un modèle frugal dédié à l’observation de la Terre. Compact, sobre énergétiquement – 10 fois moins énergivore –, ce modèle est capable de prévoir avec précision les risques hydriques et les déséquilibres climatiques. Quand la technologie sert directement la planète, on est aligné !

💰 OpenAI : du rêve d’humanité à Wall Street

La fronde s’intensifie contre OpenAI. Trente personnalités, dont des prix Nobel, appellent à bloquer sa mutation en entreprise lucrative. De 4 milliards de dollars de revenus en 2024, OpenAI devrait grimper à 13 milliards en 2025, pour atteindre 125 milliards d’ici 2029, tout en prévoyant de brûler 46 milliards de dollars de cash en quatre ans. L’écart entre mission initiale et réalité financière pose la question : à qui servira vraiment la superintelligence ?

OpenAI illustre parfaitement le grand déraillement : au lieu d’aligner l’IA sur les besoins humains, elle aligne l’IA sur Wall Street.

🎤 Dia : l’open source qui bouscule les géants

Au milieu de cette foire d’empoigne, une bonne surprise : deux étudiants sud-coréens créent Dia, un modèle de synthèse vocale open source qui rivalise avec les leaders du marché. Sans autre financement que leur créativité ! Leur exploit prouve que l’open source peut encore inventer, défier, rééquilibrer les forces.

🛡️ Des IA collègue : la nouvelle fracture de la cybersécurité

Bientôt, prévient Anthropic, les IA auront leur propre compte entreprise, leur mot de passe… et leur mémoire. Jason Clinton, Chief Information Security Officer, le prévoit dans un an. De simples outils, elles deviendront des « employés » à part entière, capables d’initiatives et d’erreurs. Ce saut dans l’autonomie pose un défi colossal : qui sera responsable des fautes et qui surveillera ces agents virtuels ?

🏢 Bienvenue dans l’ère des agents-patron

Microsoft enfonce le clou : d’ici 2 à 5 ans, chaque employé deviendra un « agent patron », co-pilotant des intelligences artificielles. Il théorise le concept d’« entreprise frontière » IA-humaine. Mais dans cet avenir hybride, serons-nous encore les pilotes ou de simples copilotes assistés par des IA plus agiles que nous ?

💪 Mechanize : vers la fin du travail intellectuel ?

Mechanize pousse la logique plus loin encore : l’automatisation complète du travail humain. Tamay Besiroglu, son fondateur, promet une « abondance radicale » où l’humain n’aurait plus à travailler pour survivre. Mais cette vision sent l’utopie de laboratoire. Car priver les individus de leur utilité sociale, de leur rôle actif dans la construction du monde, n’engendre pas forcément l’abondance — mais l’aliénation.

Travailler n’est pas seulement produire : c’est appartenir, contribuer, exister. Sous couvert de progrès, Mechanize brandit peut-être le plus grand risque de tous : celui d’une humanité déconnectée d’elle-même, passive, sous perfusion numérique.

🧠 Ce que cela signifie pour les décideurs

  • L’IA ne peut plus être considéré comme un simple levier d’optimisation. Ce qui se joue ici, c’est une bataille culturelle, politique et sociétale.
  • Repenser l’alignement ne veut pas seulement dire contrôler la machine, mais choisir à quoi nous voulons qu’elle serve.
  • L’automatisation du travail intellectuel implique de redéfinir les rôles, les responsabilités et la valeur humaine dans l’entreprise.
  • Les questions éthiques ne peuvent plus être reléguées aux équipes RSE ou compliance : elles doivent devenir stratégiques.

En clair : aligner ses outils, c’est bien. Mais aligner sa vision, c’est mieux.

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