Le FlashTweet lance une série « Déconfinons les idées » pour comprendre ce que crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid 19 change dans les entreprises. Un 1er rendez-vous inauguré par Karine Picard, DG d’Oracle France. Cette FlashInterview est un nouveau format, résolument audio, différente de la version vidéo qui existait. Le FlashTweet s’appuie sur la nouvelle fonctionnalité des Tweets vocaux de Twitter pour créer le » 1er podcast made in Twitter ». Pour le rendre plus interactif et faire entendre la voix de la communauté d’innov’acteurs du FlashTweet, le hashtag #AskKarinePicard permettait de poser des questions à la DG d’Oracle.
Pour inaugurer ce nouveau rendez-vous inédit initié par le FlashTweet, nous avons la chance d’accueillir Karine Picard, directrice générale d’Oracle France. Le moment est important : après deux mois de confinement et deux autres mois de déconfinement, la France vit une véritable accélération de sa transformation digitale. Un processus que supportent les entreprises, des TPE aux grands groupes, en passant par les PME. Pas le choix : pour se relancer, le digital est plus que jamais un actif stratégique. Il permet de maintenir un minimum d’activité grâce au télétravail, de continuer à réaliser des ventes en distance via le e-commerce, de continuer de maintenir le lien avec ses clients avec les webinars et événements en streaming, et de garder une continuité de service grâce au cloud. Autant dire qu’Oracle est positionné au coeur de ce marché en plein effervescence. Marché qui a la particularité, surtout en France, de réclamer plus de protectionnisme et de souveraineté.
Casser le prix du cloud
Pour adresser cette problématique de prix et de souveraineté, l’américain a dégainé pendant le confinement. Primo, il s’est lancé dans une guerre des prix contre Amazon. Oracle Cloud WorkLoad Estimator, un site qui permet aux entreprises d’estimer le prix de revient du cloud Oracle comparé à la concurrence, Amazon Web Services en tête. Oracle est clair : il est moins cher qu’Amazon. Et quelle plus belle publicité que le gain du budget Zoom en plein confinement… La star des visioconférences, passée de 10 à 300 M d’utilisateurs, a confié son cloud à Oracle. Dans le même temps, il a gagné la plateforme de communication 8×8, jusque là cliente d’Amazon. Pourquoi ? Elle réduisait ainsi ses coûts de 80% par rapport à Amazon Web Services. Le prix est un avantage compétitif crucial alors que les entreprises vont devoir se mettre au cloud pour se relancer, mais que leur trésorerie est affectée par le recul de l’économie mondiale.
Localiser les données en France
Secundo, Dedicated Region Cloud@Customer, ou la réponse de l’américain aux enjeux de souveraineté. Alors que 65% des entreprises françaises estiment que la localisation des données en France est importante et que l’Europe a initié son cloud souverain Gaia X, Oracle entend les rassurer en leur offrant une offre de cloud hybride, dans laquelle les données sont stockées sur site, derrière le pare-feu de l’entreprise, dans son pays. Cet autre affront à Amazon relève du tour de force car l’offre inclut l’ensemble des produits Oracle. Un cinquantaine, de l’Infrastructure-as-a-Service Oracle Cloud Infrastructure au Software-as-a-Service avec Oracle CRM, ERP et SCM en passant par le Platforme-as-a-Service incluant Autonomous Database et les Digital Innovation Services dédiés au big data, à la blockchain et même au machine learning. Cette offre, la plus complète du marché, démarre à 500 k$ par mois pour 3 ans, avec une gestion à distance par Oracle et une mise à jour des innovations. Elle s’adresse à des très très grosses entreprises mais leur évite de s’occuper de toute l’infogérance derrière. Crédit Agricole est un des premiers clients français à l’avoir adopté.
Penser le monde d’après
Mais une telle transformation ne serait pas envisageable sans une acculturation des équipes au digital. Sur ce point, Karine Picard nous rappelle que cela passe par une implication des métiers et de chaque département. Elle souligne aussi l’importance que la direction ait une vision de là où doit aller l’entreprise et de ses priorités. Ceci doit permettre d’identifier les processus qu’il faut digitaliser en premier. C’est l’intérêt de solutions comme l’ERP NetSuite, qui permet d’accompagner la croissance ou la reprise de l’entreprise, en adaptant la bonne dimension selon ses besoins. Un dernier conseil pour aborder ce « monde d’après » : toujours consacrer une part de ses investissements au digital, et ne pas penser la technologie selon sa situation à l’instant T, mais sa situation dans 3 ans.
FlashTweet : Bonjour Karine Picard, je suis ravie de te retrouver après l’Oracle OpenWorld de Londres où nous avions déjà parlé de Transformation Numérique dans ce restaurant parisien pour ce premier déjeuner post-confinement. Oracle a fait quelques annonces surprenantes pendant le confinement, qui m’ont interpellées. Et j’avais envie de déconfiner les idées avec toi et de tirer les leçons de ce confinement : qu’est-ce que tu as mis en place chez Oracle France et qu’est ce que cette crise a changé en interne ?
Karine Picard : Bonjour Emmanuelle, je suis ravie de te retrouver à Paris. Tout d’abord c’est vrai que cela a été une période assez étonnante pour tout le monde. Pendant cette période, nous avons découvert 3 éléments principaux: les employés avaient besoin de beaucoup plus de communication, de manière beaucoup plus régulière, et pas seulement sur des éléments RH. Ils avaient besoin qu’on leur ouvre leurs chakras sur d’autres sujets. Chaque semaine, on a crée un France Connect, où on invitait des leaders d’opinion, des médecins, des leader de la France digitale pour discuter de sujets qui les touchaient. lls pouvaient interargir, poser leurs questions et cela a permis de garder le lien entre nos employés. On s’interdisait de le faire avant. On pensait que le virtuel empêchait l’engagement mais dans ce contexte-là, le virtuel a accru l’engagement. On va continuer à le faire, sans doute tous les mois à compter de septembre. La deuxième chose qui m’a frappée, c’est que les employés avaient besoin de fierté, ils voulaient être fiers de la société pour laquelle ils travaillaient, fiers de l’engagement que la société pouvait avoir et le fait qu’Oracle ait donné des plateformes de tests thérapeutiques aux État-Unis ou à d’autres pays, ou le fait qu’on se soit rapproché de l’Institut Pasteur pour faire des dons et soutenir la recherche pour le vaccin : tout cela les a aidé à surmonter cette crise parce qu’ils avaient besoin de se sentir utiles et de travailler pour une entreprise qui faisait le bien et qui avait du sens.
FT : Pendant le confinement vous avez fait une annonce surprenante qui dénote un changement chez Oracle. Vous avez dit que vous pouviez concurrencer Amazon sur le terrain du prix. Peux-tu revenir sur ces annonces et nous en expliquer les raisons ?
KP : La crise nous a permis de montrer la valeur de notre cloud nouvelle génération. D’une part parce que des sociétés qui étaient en pleine croissance sont venues nous voir. Si on prend l’exemple de Zoom qui est passé de 10 millions à 300 millions d’utilisateurs, ils ont eu un besoin d’extrême sécurité, de performance à un prix abordable. Ils se sont rendus compte qu’Oracle Cloud Infrastructure était la seule plateforme où on pouvait avoir la sécurité, la performance, le service et le coût. De même, la société 8×8, spécialisée dans la vidéoconférence, a baissé ses coûts de 80% sur les réseaux. On s’est aperçu que notre élément différentiateur de performance et de sécurité était encore plus valorisant avec le coût. Aujourd’hui on peut clairement dire qu’Oracle Cloud c’est le plus performant mais aussi le moins cher. Et pour le prouver Larry Ellison a mis en place un site internet pour comparer les coûts : Oracle Cloud WorkLoad Estimator permet en fonction de ses charges, de ses serveurs, de calculer combien ça coûte par rapport à Amazon Web Services. Aujourd’hui avec la crise on s’aperçoit que des sociétés ont besoin d’avoir ces performances ultimes parce qu’elles sont en croissance mais il y a aussi les sociétés qui cherchent à réduire les coûts à tout prix alors elles vont commencer par l’infrastructure en premier, au lieu de licencier. Renault nous a par exemple fait confiance sur OCI [Oracle Cloud Infrastructure] parce qu’ils essayent de diminuer tous les coûts structurels possibles avant de toucher l’humain. On va voir de très grandes entreprises françaises aller vers notre cloud pour ces raisons : une infrastructure performante, sûre et moins chère. Ce n’était pas un domaine dans lequel on nous attendait, on nous considérait parfois comme plus cher, or cela fait déjà plusieurs années que nous sommes, même sur les applications, extrêmement compétitifs face à des SAP ou des Salesforce.
FT : Larry Ellison a annoncé la semaine dernière un cloud sur cloud public on-premise. Ce qui est intéressant est que vous avez une offre permettant de conserver les données chez le client. Peux-tu m’expliquer en quoi cela consiste ?
KP : Pour remettre les choses dans leur contexte, les questions de souveraineté et de protectionnisme, à cause de la crise sanitaire, vont se développer économiquement, sanitairement mais aussi technologiquement. C’était donc important de répondre à ce besoin de protectionnisme pour certains clients : les gouvernements, les grandes entreprisses financières ou les sociétés de défense. On avait déjà travaillé sur le Cloud@Customer pour certains clients mais on s’est aperçu que c’était une demande donc on a développé Dedicated Region Cloud@Customer. Cela veut dire que l’on peut installer toute notre plateforme – pas que l’infrastructure mais aussi de la Platform-as-a-Service, les solutions SaaS, derrière les pare–feux du clients, dans son datacenter chez lui en France. Il en aura donc le contrôle sauf que toute la maintenance, les innovations et la gestion sont effectuées par Oracle. Donc il a quand même toute la valeur d’un cloud tout en étant très protégé et isolé du monde extérieur. C’est la valeur du cloud public derrière son pare-feu et sur son site. Crédit Agricole a déjà commencé à implémenter Cloud@Customer, l’État d’Oman aussi et une société japonaise. On sait qu’en France c’est une offre qui va résonner pour pas mal de très gros clients. Le prix est de 500 k$ par mois avec engagement de 3 ans. Mais c’est aussi indexé sur l’usage après la souscription.
FT : Quels conseils donnerais-tu à une entreprise ou à un entrepreneur pour accélérer sur la TransfoNum, dans la mesure où beaucoup de sociétés ont dû accélérer sur le digital avec cette crise ? Et quels retours as-tu de grosses PME qui ont pu accélérer grâce au cloud et réduire leurs coûts ?
KP : La crise a été un wake-up call sur la digitalisation pour beaucoup. Pour certains cela a été la douche froide quand d’autres ont été ravis d’avoir investi ces dernières années. Croire que l’on peut faire sans la technologie est un leurre. On n’a évidemment pas tous les mêmes moyens mais il est important dans son métier d’identifier les processus qu’il faut absolument digitaliser parce qu’on a par exemple des besoins de croissance. S’il s’agit de conquête de parts de marché, on va travailler sur le CRM. Si on a besoin de recruter, on va digitaliser sa RH. Si on a un besoin de réduire ses coûts IT, on va investir sur le cloud. Il faut donc bien identifier par rapport à sa stratégie où est-ce que la technologie va avoir un effet très rapide en termes de coûts et de bénéfices. C’est vrai que beaucoup de petites entreprises ont été très affectées car elles avaient besoin de cash alors que l’accès au capital n’était pas aussi facile. On a aussi vu des sociétés du Next40 comme Doctolib qui nous a choisi pour notre ERP NetSuite, et qui était au premier rang lors de la crise avec la télé-consultation. Je pense que cela va bouleverser le secteur médical. Il y a aussi le bel exemple d’O2Feel, une belle start-up française qui construit des vélos électriques et qui a choisi notre ERP NetSuite pour supporter sa croissance attendue à 60% par an pendant trois ans et son développement international. Ce genre de grosse start-up a besoin d’un coeur de métier solide qui repose sur une techno qui marche quoiqu’il arrive et, surtout, qui scale et peut s’adapter au développement de son business. Je pense qu’il ne faut pas penser la technologie pour la situation à laquelle on est à un instant T, mais où on veut être dans 3 ans. C’est l’intérêt du cloud : on adapte les machines à votre croissance. Il faut évidemment les fonds pour le faire mais il faut garder dans ses plans d’investissement une part pour la technologie car elle aidera toujours à un instant T.
FT : Dans les questions de la communauté FlashTweet, commençons par celle de Guy Mamou-Mani qui concerne la politique de protection des données. Peux-tu me dire quelle est celle d’Oracle en la matière ?
KP : Nous sommes conformes au RGPD. Par ailleurs on essaye d’obtenir toutes les certifications pour les données extrêmement sensibles comme les données de santé. Nous sommes désormais certifiés. J’étais avec Korian l’autre fois, qui a notre ERP Cloud. Avec leur activité de maison de retraite, liée à la santé, ils sont intéressés par notre certification. On travaille évidemment à obtenir la certification Secnum Cloud, à être le premier américain à être certifié. En attendant, on a cette offre Cloud@Customer car les données sont stockées dans le pays, et seul le client a accès à la donnée. Je pense que cela permet de garantir la notion de souveraineté. On continuera à être certifiés sur toutes mes normes que le gouvernement mettra en place pour assurer la meilleure garantie à nos clients.
FT : Une autre question de Catherine Lardy : comment une entreprise qui n’est pas forcément technologique pour accélérer sur le digital ?
KP : L’essentiel, petit ou grand, est de commencer par des processus de numérisation qui sont au coeur du métier. Il faut que ça ait un effet immédiat sur le client, pour en voir les bénéfices. Il faut partir d’un parcours. Par exemple le parcours du courtier en assurances, ou le parcours du vendeur en magasin, ou le parcours client. Cela doit être très concret, afin de voir comment la technologie peut faire gagner plus de clients, améliorer le service ou la qualité de vie des employés. Cela va permettre de faire rentrer la technologie progressivement dans l’entreprise et d’avoir des bénéfices rapides. Il y a des sociétés qui peuvent aider sur ces notions de parcours client. Nous l’avons beaucoup fait chez Oracle avec le Customer Journey Mapping ou l’Employee Journey Mapping, afin de digitaliser au bon endroit. Il faut voir quel est l’enjeu stratégique qui va permettre la croissance ou la reprise, comme en ce moment.
FT : Nous continuons avec une question de Pierre Cappelli qui trouve que la question de l’acculturation numérique est peu posée en amont, quelle est ta position ? Que faudrait-il faire pour que ce soit mieux pris en compte en interne par les entreprises et que le numérique ne fasse pas peur ?
KP : Je pense qu’il ya deux axes. D’abord, choisir des solutions qui ont un usage proche de ce que les gens utilisent chez eux. On voit que la technologie que l’on consomme à la maison est souvent beaucoup plus moderne que celle des entreprises (c’était l’inverse il y a 20 ans). Chez Oracle, on travaille beaucoup à avoir des technologies sur mobile et accessibles avec la voix. Faire une note de frais en disant « Je veux faire une note de frais d’un ticket de taxi » est plus simple que d’aller dans un logiciel. Si quelqu’un utilise Siri de manière quotidienne pour appeler sa famille, il peut aussi le faire pour faire une note de frais ou une demande d’achat. Donc aujourd’hui on essaye d’emporter ces technologies dans l’usage de l’entreprise. Cela permet un changement de culture. C’est important aussi d’embarquer des millenials. À un moment donné chez Oracle, on avait du reverse mentoring entre notre comité de direction et nos internes, car ils connaissaient bien les réseaux sociaux et nous ont appris beaucoup. C’est une bonne manière d’apprendre et de changer la culture d’entreprise. On est revenu de l’idée de Chief digital/innovation officer. On s’est aperçu que si l’innovation n’était pas gérée par les métiers au sein de chaque département, c’était extrêmement dur de changer. Je pense qu’on est sur quelque chose de plus intrinsèque à chaque métier. Il faut une appropriation des collaborateurs et une vision de la direction : une vision sans pourquoi, c’est très compliqué. La direction doit expliquer les bénéfices et ne pas nier les changements. Il faut être très clair.
FT : Nous avons une dernière question également de Pierre Cappelli : faudrait-il un ministère du Numérique et comment l’imaginerais-tu ?
KP : En tant que société technologique, nous apprécions d’avoir un interlocuteur dédié et apprécions travailler avec Cédric O et ses équipes. C’est un vrai avantage. En revanche, c’est vrai que lorsqu’on voit l’importance du numérique pour la transformation écologique, industrielle, économique et même de l’école – faite à distance pendant 3 mois… la technologie est au coeur de chaque ministère aujourd’hui. Il est important qu’elle ait sa place. Est-ce que c’est un secrétaire d’État, est-ce que c’est un ministre ? C’est important que le gouvernement montre que sans le numérique, on ne pourra pas revenir à la croissance et relancer l’économie, ni éduquer nos enfants. En tout cas, nous avons envie d’un interlocuteur qui agisse de manière transverse car cela touche à l’intégralité des ministères.
FT : Merci beaucoup Karine d’avoir accepté d’inauguré cette nouvelle série Déconfinons les idées. Merci d’avoir relevé le défi !
KP : Merci à toi et à la communauté du FlashTweet pour ces questions ! Elle est toujours aussi active et engagée sur ces sujets.
FT : Effectivement, nous avons eu des questions super pertinentes qui ont fait avancer le sujet ! C’était un super exercice que de leur demander de poser des questions. A refaire très vite.
Paris, le 15 juillet 2020
A lire aussi la FlashInterview vidéo de Karine Picard sur la stratégie d’Oracle, réalisée à Londres pendant l’Oracle OpenWorld Europe 2020.
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